Au palais des délices café-durian - Mayu

Par définition, Jun n’était pas très sucre contrairement à toutes ses jeunes filles en fleur comme pourrait l’être Mayu. Oui, Mayu elle avait une tête de jeune fille en fleur. Parce qu’elle était jolie, gentille, on avait envie de la prendre dans ses bras et de jouer les princes héroïques. Parce que oui, Jun c’était son prince héroïque, et depuis la plus petite enfance. Quand elles étaient plus jeunes, de par son comportement, Jun avait tendance à s’attirer souvent des ennuies, alors Mayu était là pour la défendre, bien que trop faible, c’était souvent l’autre qui finissait quand même par se battre pour protéger son amie.

Quoiqu’il en soit, après les cours, elles avaient décidé de se rendre dans ce nouveau salon de thé qui venait d’ouvrir. Et pas pour n’importe quelle raison puisqu’en effet cet établissement proposait des mets suffisamment incroyables pour amener Jun à pousser les portes d’un salon de thé aux napperons soignés, et aux murs décorés avec des fleurs. Ils avaient à leur carte des gâteaux au café-durian, des glaces macha-orange. Des desserts dont Jun ne pouvait pas trouver mieux.

Après avoir choisi stratégiquement la table au plus près de la vitrine à gâteau, une serveuse vêtue d’un mignon tablier vint leur donner la carte et s’en alla toute sautillante. Outrepassant l’accoutrement et le comportement affligeant de la jeune femme, Jun se plongea dans les noms et descriptions improbables de ces pâtisseries et jeta un coup d’œil à Mayu au dessus du carton :

“Je vais jamais réussir à choisir Mayu !”

Quand Jun t'avais proposé de sortir un peu après les cours, entre filles, juste toutes les deux, pour aller tester un nouveau salon de thé, t'avais accepté sans hésiter. Tant pis si tu laissais du travail de côté, la paperasse pouvait attendre, Jun était plus importante que tout et c'était suffisant pour toi. Alors t'avais enfilé une jolie petite robe blanche, noué tes cheveux, un peu de maquillage mais pas trop, t'avais tournoyé devant ton miroir. On aurait pu croire que tu te préparais pour un rendez vous galant, c'était un peu ça en fait, Jun c'était.... C'était le petit ami idéal. Sauf que c'était une fille. Et que c'était ta meilleure amie. C'était encore mieux.

Bras dessus bras dessous vous voilà parties pour un café plus ou moins étrange, servant des pâtisseries et boissons aux mélanges douteux. C'était ça qui était passionnant, trouver des associations impensables mais parfaites, du genre ketchup-chocolat-banane. Y avait qu'avec Jun que tu pouvais partir à l'aventure comme ça.
Arrivée devant le café, déjà l'odeur te monter au nez et l'eau te vient à la bouche. Faut dore qu'aujourd'hui t'as fais du sport, la paperasse c'est physique en vrai quand il faut courir partout pour la récupérer ! T'allais manger. Beaucoup manger. Manger jusqu'à exploser !

« Oh..... C'est trop adorable comme endroiiiiiiit »

Installées à côté du comptoir, la serveuse qui accourt, une carte énorme, tout est parfait et tu ne peux t'emêcher de taper dans tes mains.

« …. Et bah, on a qu'à tout prendre ? Pour gouter de touuut !!!!! C'est moi qui paye aujourd’hui ! Pour fêter nos retrouvailles héhéhéhé»

Mayu était la princesse, et elle le prince déshérité. Fallait le dire comme c’était, Mayu avait du fric, enfin, ses parents avaient du fric, donc par extension elle était pétée de thune. D’ailleurs, ses parents donnaient souvent des chèques à la dirlot qu’on disait, ça serait ptet pour ça qu’elle était au conseil. Enfin bon, Jun n’était pas amie avec Mayu pour son argent, évidement que non puisqu’à sept ans on a pas trop la notion de l’argent et puis si elle avait besoin de racketter quelqu’un c’était bien Geki. Alors que Mayu lui propose de tout payer l’avait assez étonné, mais elle n’avait pas tellement le droit de refuser, vu cette tarte myrtille-capuccino qui lui faisait de l’œil, et ce flan banane-melon…

Escaladant à moitié cette petite table rondelette, Jun prit sa princesse dans ses bras, gloussant des mièvreries comme il était rare d’en voir sortir de sa bouche.

“T’es trop choute avec tes grosses joues. Je te rembourserai en nature si tu veux.~ ”finit-elle en susurrant à l’oreille de la rouquine.

Jun se rassit alors à sa place, constatant bien que son élan d’affection semblait avoir soulevé quelques regards dédaigneux. Bah. Comme si on ne pouvait pas enlacer une personne qui vous était chère en dégoulinant d’amour pour elle.

En tout cas, cette carte l’alléchait vraiment. Embrassant chacun des titres des yeux, Jun fit en sorte de tout autant se concentrer sur Mayu.

“Et sinon tes vacances ? On t’a pas beaucoup vu avec Geki.”

Bien qu’elle soit partie un moment à Kobe pour voir son frère et savourer le bœuf emblématique de cette ville, Jun était restée pour aider au restaurant et c’était assez étonnée de ne pas voir son amie plus souvent.

T'aimais voir Jun comme ça, t'adorais même , ça faisait battre ton petit cœur très vite, doki doki. Quand elle t'avait prise dans ses bras, t'avais lové ton petit nez dans son cou en rigolant, heureuse. Ha si seulement tu pouvais stopper le temps et rester comme ça pour l'éternité, cette boule de bonheur dans le ventre et les yeux pétillants de joie, mais chaque chose avait une fin et Jun s'éloignait déjà.

« J'ai pas des grosses joues Jun ! Dis pas ça ! Et pas besoin de me rembourser, mais si tu veux faire plaisir viens me voir dans ma chambre... Y a que des garçons la c'est trop embarassaaaaaaaant »

Les joues rouges tu soupire, c'est vrai ça, c'était quoi cette manie de les mélanger ! Elle était plus avec Jun du coup et c'était vraiment pas cool. Mais bon Ayumu était le garçon le plus adorable sur terre alors ça allait quand même.
Un regard sur la carte et tu sais déjà ce que tu vas prendre, un magnifique parfait goyave poivre blanc glace à la myrtille te fait de l'oeil et ça serait un crime de ne pas lui laisser sa chance non ? Oh et puis cette infusion de sauge et fraise....

« Hmm ? »

La voix de ta meilleure amie te tire de ta contemplation. Tes vacances hein ? Elles étaient géniales. Ouai vraiment. T'avais passé la plus part du temps dans ta maison, seule, refusant de voir Jun et Shigeki pour ne pas les embêter, et puis le reste t'étais partie avec tes parents pour visiter de la famille à Tokyo où t'avais pas fait grand chose à part attendre tes parents dans la maison familiale avec des cousins absents. Alors bon, pour des vacances on avait vu mieux.

« Oh c'était super ! Je suis partie avec mes parents à Tokyo voir mes cousins ! Et puis après je suis restée travailler chez moi, m'occuper de la maison et tout, notre bonne était en vacance »

Tu lève la main pour appeler la serveuse afin de passer commande, fallait pas trop attendre non plus et ton estomac criait famine devant toutes ces beautés.

« Et toiii ? T'as fais des trucs cool et tout ? T'étais à Kobe nan ? »

Parfois, Jun avait cette sensation de tristesse. Elle sentait Mayu s’éloignait, comme si elles étaient moins souvent ensemble, ou encore qu’elle cherchait à les éviter. Peut-être que Mayu avait décidé de grandir toute seule. En tout cas, ce n’était pas le cas de Jun. Grandir, avoir des responsabilités, devoir prendre des décisions, elle en raffolait pas, elle voulait même retarder l’échéance le plus tard possible. Ce qu’elle voudrait, c’est que quand ils soient grands, qu’ils vivent en collocs dans un petit apparte pour toujours les avoir sous les yeux, et qu’ils passent leur temps libre à la mer, pour regarder Mayu en maillot de bain. Ouais, c’est ce qu’elle voulait. Et puis comme ça, elle sera jamais seule.

Une fois, quand elle était petite, alors qu’elle voulut se rendre aux toilettes pendant que les autres jouaient, un drame éclata. Jun, cinq ans, se retrouva coincée. Au début, la petite rigolait, jouait la dure, feignait de ne pas être touchée, et finalement, elle se mit à chialer comme pas possible. C’est finalement Geki qui vint la chercher… Bon, elle avait vite séché ses larmes, mais n’avouera jamais avoir eu la trouille de sa vie, et qu’elle se voyait déjà manger par le monstre des toilettes. On pense parfois que c’est dût à se souvenir tragique que la demoiselle, bien qu’allergique à toute haute technologie, trimballe constamment son portable bien chargé pour parer toute éventualité.
En tout cas, elle avait pour l’instant Mayu sous la main, Geki à proximité, alors tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Du moins, elle espérait que ça allait durer.

Mayu lui raconta alors ses vacances, comment elle s’était occupée de sa maison seule, puis interpella la serveuse d’un mouvement de bras.

“Ah oui, on est allés voir mon frère, Hide. Tu t’souviens hein ? Il est prof d’art dans un lycée à Kobe. On a mangé du bœuf de Kobe, et on a vu sa copine de gaijin. Et puis, je me suis griffer par son chat. Regarde.” raconta-t-elle tout en montrant son bras scarifié par la bête.

La serveuse s’approcha alors avec ses froufrous pour prendre leur commande.

Survolant rapidement des yeux la carte, Jun se décida.

“Aloooors. Un fondant mangue-pistache et sa glace à la praline, un trio de macarons taro-moca-fruit de la passion eeeeet… Un milkshake thé vert-framboise.”

Ce soir, elle allait dîner léger.

Solitude. Elle haissait ça. Pourtant elle voulait devenir plus forte, ne plus être cette gamine qui venait pleurer dans les bras de Jun ou de Geki dès que y avait le moindre problème, être capable de se gérer toute seule. Mais elle échouait lamentablement pas vrai ? Elle se laissait abuser par les paroles des autres pour combler un peu le vide qu'elle avait elle même crée et plus elle y pensait et plus ça faisait mal. Trop mal.

« Ho oui je me souviens héhéhé c'était mon deuxième amour après toi Jun ! Il va bien ? »

En fait c'était pas vraiment vrai, c'était plus qu'elle avait toujours admirée la famille Shirogane, la joie, l'ambiance chaleureuse, leur complicité ou tout ce qu'elle n'avait jamais eu. Du coup elle avait idéalisé tous les membres de la famille et ça donnait que oui, le grand frère de Jun avait été son premier amour, qui n'avait duré que très peu puisque quelques mois après elle rencontrait Satoshi puis Takeo puis... etc.

« Han il t'a griffé ! Je peux aller le manger si tu veux... Je suis sur que le chat c'est délicieux hinhin... »

Elle lui tapote la tête doucement, un peu comme si pour une fois on échangeait les rôles, c'était Mayu la maman et Jun l'enfant, comme si pour une fois ça pouvait être à elle de les protéger. Elle se sentait coupable maintenant de ne pas avoir donné de nouvelles, c'est vrai quoi elle aurait adoré passé ses vacances avec elle est Shigeki à courir, manger, rigoler, s'engueuler, un véritable trio d'éternels enfants. Mais non, non, c'était pas comme ça qu'elle grandirait pas vrai ? C'était pas comme ça qu'elle les libérerait.

« Hm pour ma part je vais prendre un choux à la crème saveur cerise, la glace fraise au poivre avec de la chantilly et un thé glacé parfum bubble gum s'il vous plait »

Grand sourire colgate à la serveuse en lui tendant la carte. Fiou avec tout ça dans l'estomac faudrait qu'elle fasse des tours de pistes en plus, c'était pas vraiment le moment de prendre du poids vu que le nouvel uniforme des cheerleaders était plutôt court et que l'entrainement reprenait bientôt. Même si elle avait pas vraiment envie de le mettre il faudrait bien y passer quand même. Stupides garçons avec leurs règles sectaires à la con.

« Alors Jun, vous avez des nouveaux au club ? Genre des supers membres ? Et attention je parle bien de membres féminin hein !!!! »

Tout le monde chez les Shirogane s’étonnait qu’à part Monmō, personne n’ait eu la fibre culinaire. Natsumi était devenue office lady et travaillait à Tokyo, Hide lui était professeur à Kobe et s’était casé avec une américo-taiwanaise, les jumeaux eux entraient à l’université, chacun dans leur coin… Et Jun après avoir brûlé de nombreuses fois le restaurant, prouvait en bouffant ces pâtisseries aux noms écœurants qu’elle ne reprendrait jamais l’affaire familiale. Bon en fait, elle n’était même pas très pâtisserie parce que son délice sucré, c’était Mayu. Mayu qui rit à la moindre occasion, pleure dès qu’elle se sent trop submergée par l’émotion, est câline dès qu’elle la voit. Nombreux pouvait penser que Jun aimait les filles au sens large, mais non, elle était juste Mayusexuelle.

Mayu lisait en Jun comme dans un livre ouvert, elle connaissait ses goûts, ses passions, alors une fois la serveuse partie, Mayu appuya sur ce sujet qui rendait Jun toujours très explosive : Le club.

“Ben, j’ai entendu dire par Taichō qu’une fille s’était inscrite au club. Mais c’est une première année, et en plus c’est un nain. Je l’ai vu une fois vite fait. Et elle essayait de dunker. C’est juste à mourir de rire quand tu vois sa taille.”

A vrai dire, Jun avait toujours pensé que le dunk était l’une des plus belles manières de faire un panier. C’est sûr que ça valait beaucoup moins qu’un trois point, que ça paraissait moins technique qu’un lancé, et pourtant, cette force qui se dégageait des joueurs qui parvenaient à étreindre férocement le panier des doigts, ça c’était classe ! Au vu de son gabarit, elle avait vite abandonnée l'idée d'un dunk parfait, alors voir cette petite la replongeait en nostalgie. Désormais, ce qu’elle voudrait, c’est pouvoir assister à un match, un vrai de professionnel, pouvoir presque sentir la sueur éclabousser son visage. Bon, pas de la JPA, fallait pas la prendre pour une buse. Non, elle, elle voulait la NBA, la véritable ! Parce que le Japon, c’était du foutage de gueule en matière de basket quand même.

“Et toi Mayu ? Ça va ? Je pourrais venir te voir en uniforme court de cheerleaders ?” questionna-t-elle, le sourire allongé sur son visage, l’image de sa douce en tenue de pompom girls.

Parfois Mayu avait juste envie de prendre Jun dans ses bras, de fourrer sa tête dans son coup et de ne plus bouger. Parfois c'était juste Jun qu'elle voulait et personne d'autre. Jun c'était un peu son eldorado, sa terre promise, son ilot magique au milieu de l'océan, elle aimait ses mains, ses yeux, son rire et ses gros mots, sa façon de rager, sa façon d'insulter, sa façon de gagater. Des rumeurs circulaient sur leur relation parfois, souvent. Et ça faisait rire Mayu parce que Jun était bien plus que tout, entre elles c'était autre chose. Et pourtant elle voyait le temps avancer, la réalité se dessiner. Y aura jamais de Jun&Mayu pour l'éternité, jamais... Et plus elles attendaient et plus la rupture serait douloureuse pas vrai ? Il était temps de grandir.

« Oooh... On se moque pas petits Jun !! t'es méchaaante ! Mais de toute façon c'est toi la meilleure. Enfin ça serait cool pour toi qu'une équipe féminine se forme. Je pense. Je vous soutiendrais très fort héhéhé, de toute façon je te soutiens déjà très fort !! Allez Jun gogogo »

Agitation des bras dans tous les sens et rire timide. Le basket c'était la vie de Jun et elle le savait parfaitement. Elle aimait l'entendre s'enflammer dès qu'il s'agissait de parler de ballon, de dunk, de maillots trop grands -et peu esthétique selon Mayu- elle aimait sa voix vibrante et passionnée, ses yeux pétillants, ses rêves immenses. Oh Jun, Jun, Jun, qu'est-ce qu'elle ferait sans toi hein ? Une fois que tu serais partie vers les étoiles au loin ? Elle aurait mal je crois, c'est pour ça qu'elle met, dès maintenant, un peu de distance, petit à petit, pour moins souffrir quand ce jour viendra.

« Hahaha, nous on a toujours pas beaucoup de membre... C'est nul. Mais on a reçut les nouveaux uniformes ! Et ils sont super cool héhéhéhé quoi qu'un peu court je trouve. Eeeeeeet arrête de tirer cette tête ça fait vieux pervers ! Pfffff »

Petit coup sur la tête, rouge jusqu'aux oreilles. Franchement cette Jun ! Elle était pas possible ! Elle allait continuer dans son sermon quand la serveuse apparu avec leur commande. Alléluia. Ca sentait bon, c'était beau, c'était coloré, c'était adorable. C'était pour elle.

« Tu sais Jun je t'adore. Bon appétit »

C’était comme ça. Le club de basket de Kaikō comptait en tout et pour tout un membre féminin. Du moins, jusqu’au début de cette année. Tous les clubs avaient un peu près une équipe de filles, une autre de garçons. D’ailleurs l’équipe féminine de football faisait réellement des ravages. Le fait qu’elle joue dans l’équipe en tant que membre titulaire avait fait particulièrement jaser. Mais bon, si une fille avait réussi à effleurer du doigt une entrée à la NBA, pourquoi pas elle ? Pourquoi fille et garçon ne pouvait pas jouer dans la même cour ? C’est pourquoi, secrètement, elle cultivait ce désir de rester l’unique joueuse du club. Pour pouvoir démontrer aux autres qu’il n’y avait pas à faire de distinction, que c’est pas parce qu’on avait pas de couille qu’on avait pas de cran. Alors cette Niwa, elle ne l’aimait pas.

Et pourtant, elle n’y était pour rien.

En fait, ça lui faisait du bien, de ne pas penser qu’à ça. Oublier son obsession le temps d’un après-midi. Se plonger dans le regard de Mayu, s’y noyer, se laisser bercer par ses rires, par sa voix. Mourir spirituellement.

La serveuse arrivait alors que Mayu revêtait cette couleur passionnelle qu’était le rouge. C’était mignon. Avec ces pâtisseries, il fallait dire que le tableau était assez parfait. Colorés, un peu fluffy. Comme Mayu. Rah, ça avait l’air bon. -les gâteaux, s’entend-

“Non, c’moi qui t’adore !” plaisanta-Jun, le sourire à perte de vue.

Plongeant sa cuillère dans le fondant, laissant le coulis de mangue glissait en elle, Jun en rougissait de plaisir. Les éclats de pistache explosaient sous ses dents, la praline fondait sur sa bouche. Le mélange était tellement parfait !

“Qu’est-ce t’en penses alors ? Tu veux goûter le mien ?”

Ni une ni deux, Jun soigna sa cuillérée et la présenta à Mayu.

“Aaaah ~” lui avança-t-elle.

Ca faisait du bien en fait, un après midi entre filles, juste toutes les deux, rien que toutes les deux et une montagne de sucreries mauvaises pour la ligne et pour les dents. Mais qu'importe, ça faisait chaud au cœur et c'était ça le principal non ? Commençant à siroter son thé glacé rose bonbon, Mayu regardait Jun manger. Ce qu'elle était adorable ! Mais personne ne le voyait vraiment, cette face là de Jun était bien secrète et Mayu aimait ce secret. Bon c'est vrai, c'était pas vraiment un secret puisqu'elle était la première à gueuler au monde entier à quel point Jun était adorable quand elle dormait ou bien quand elle mangeait ou bien lorsqu'elle marquait un panier. Mais personne ne la croyait vraiment. Jun ? Mignonne ? Hm. Pardon ? Quelle Jun ? C'est juste qu'ils étaient aveugles, ils ne la connaissaient pas comme elle la connaissait. Sa Jun préférée, son unique Jun.
Ouvrant la bouche par reflexe elle ferma les yeux pour déguster le fondant. C'était spécial comme goût, mais tellement délicieux. Elle se recula un peu et tapa gentimment sur la table.

« Pffff Jun j'ai plus cinq ans pas besoin de faire ça c'est embarrassant...Mais... C'était trop bon. T'as vraiment bon goût pff. Allez à ton tour, goûte mon thé c'est vraiment génial le goût héhéhé ! Et t'as vu cette couleur ?? j'adore »

La jeune fille lui fit passer son verre et sortit son téléphone, trifouillant pour mettre en marche l'appareil photo puis le tourna vers Jun.

« Dis coucou Juuuun héhéhé Comme ça j'aurais un super souvenir d'aujourd'hui parce qu'il est parfait »

Photo prise, elle reporta son attention sur sa nourriture, portant son choux à la crème à la bouche elle croqua dedans avant de pousser un petit soupire de plaisir, vraiment, cette nourriture était délicieuse, le patron était un génie.

« Alors... Ca se passe bien la rentrée ? Enfin jveux dire... Comme on est pas dans la même chambre ! Je suis contente que tu sois avec Shigeki mais je suis un peu jalouse je dois avouer... J'aurais adoré être avec vous... »

C'était son véritable regret, l'année précédente avait été si parfaite, avec Jun dans la même chanmbre, réunis encore et encore et encore, à se balancer des oreillers, à se chatouiller, à se raconter des histoires à dormir debout, tous les ragots et encore pleins d'autres trucs. Tout ça lui manquait atrocement. Bien sur elle était heureuse de partager sa chambre avec Ayumu, ce garçon était tellement adorable, elle passait son temps à se retenir de le câliner quand elle avec lui tellement elle le trouvait mignon. Mais c'était pas pareil. C'était super...Mais différent.

Mayu c’était l’être le plus précieux qui puisse exister. Oui, Geki n’était pas un être. C’était Geki. En tout cas, si elle pouvait, elle passerait ses journées collées à elle, enveloppée dans le doux parfum de la belle. C’était mignon comme elle repoussait toutes les petites attentions où elle devait jouer les protégées, elle qui était si habituée à les prodiguer. Rigolant devant les pommettes rougissantes de la rouquine, Jun apporta le verre d’un rose presque utopique à ses lèvres. Un objectif ne tarda pas à se tourner vers elle. La demoiselle s’empressa alors de tirer la langue. Elle le savait qu’elle n’était pas particulièrement mignonne, et encore moins jolie, alors les photos, elle préférait y apparaître grimaçante.

“Comme ça t’auras ma sale tronche à côté de ton chewing-gum liquide. D’ailleurs, c’est abusé qu’il ait autant le goût d’un malabar.” fit-elle en pointant le verre pour finalement le déposer à côté de son amie.

Chopant entre deux doigts l’un des macarons, elle y croqua une bouchée. Les saveurs qui s’en dégageaient étaient tellement exquis qu’elle ne fit pas attention à la crème moca-taro qui trônait élégamment sur le coin de ses lèvres.

“Tu sais, moi j’aurai préféré trois milles fois que tu sois encore ma colocataire plutôt que Geki. Il arrête pas de vouloir plier mes culottes. Tu le crois ça ? Qui plie ses culottes ?!”

Bon, à vrai dire, Jun avait horreur du rangement, d’où son incroyable capacité à ne pas pouvoir ranger ses vêtements dans les placards dont disposait la chambre. Il faut dire que le peu d’habits miraculeusement atterris au bon endroit prenait étrangement bien de la place, certainement dû à leur agencement en boule peu approprié…

“En plus, il me gronde tout le temps parce que je viens pas en cours ! Il a qu’à me réveiller aussi ! Enfin je lui ai dit, mais il répond ‘avoir suffisamment souffert pour les quelques fois où il a essayé’. ça veut dire quoi ça ?!”